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Quand des jeunes en décrochage scolaire suivent les traces de Bouli Lanners…
Jeudi 2 octobre avait lieu, au cinéma Sauvenière à Liège, une soirée géante en trois temps. L’occasion pour les spectateurs de (re)voir Les Géants de Bouli Lanners, de découvrir le court métrage Un trip géant réalisé par une centaine d’adolescents de la région liégeoise épaulés par le réalisateur Mohammed Hamra, et de se trémousser sur les rythmes du groupe Amadeus, Mozart revisité en mode reggae et hip hop.
Comme déjà annoncé dans notre webzine d’avril, l’asbl Compas Format, service d’accrochage scolaire à Seraing, a proposé un projet d’expression suscitant la motivation des jeunes dans le cadre de l’action « la parole aux jeunes » du CAAJ (Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse) de Liège. L’idée des responsables était de donner une fin au film Les géants de Bouli Lanners. Parrain de Compas Format, Bouli a donné son feu vert sans hésitation.
Seth, Zack et Danny, sur une barque, sont emportés par le courant vers un avenir encore incertain. Fin ouverte à toutes les possibilités. Terrain de jeu parfait pour ces cinéastes en herbe chapeautés par le réalisateur Mohammed Hamra. Partant de rien, ils ont tout appris : de l’écriture du scénario à la réalisation. Après de longues discussions, des ateliers pratiques, ces jeunes ont proposé une fin noire, dure et tragique. Une fin qui reflète leur réalité.
Marginaux, ils tentent tant bien que mal de trouver leur place au sein de cette société qui voudrait les faire disparaître. Des parents absents, des professeurs impuissants : les gamins ne peuvent se fier qu’à leur intuition. Sans repère, nos trois héros accumulent les conneries et s’engouffrent tout droit dans le monde de la drogue et de ses dangers. Expérience peu probante… Voilà le message que ces ados ont voulu faire passer à leur génération.
Avec peu de moyens, l’équipe a réussi à réaliser un film qui tient la route du début à la fin. On sent parfois de la retenue dans le jeu des comédiens, et c’est bien normal pour une première fois, mais on assiste aussi à des scènes plus naturelles, plus instinctives notamment quand les jeunes se retrouvent entre eux, comme dans la vraie vie finalement.
Donner la parole aux jeunes était la condition sine qua non de ce projet. Plusieurs éléments entraient en ligne de compte : non seulement l’apprentissage du français, mais également la confiance en soi. Quand on sait à quel point un tournage est physiquement éprouvant, à quel point l’investissement de chacun est important, à quel point la rigueur et la concentration sont de mise, on ne peut qu’être impressionnés par ce travail de longue haleine. Après trois ans de dur labeur, l’équipe est fière de monter sur scène pour présenter à leurs proches, éducateurs, amis, curieux, ce qu’ils ont construit ensemble car il s’agit bel et bien d’un travail collectif où chacun est sur le même pied d’égalité.
Nastasja Caneve